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Photo du rédacteurJean-Marc Collot - Ambassadeur de l'Allier

22 & 23 aout 2020 : le PEJET (Avermes)

Les 22 et 23 aout 2020 ont eu lieu à Avermes, au parc d’Islea, la finale départementale des concours modèles et allures des chevaux de traits organisé par le Syndicat Départemental des Chevaux de Traits.


Alors oui dis comme ça, la motivation pour lire cet article est faible, mais outre le fait de parler un peu de cette compétition, sans vous abrutir de classement, rassurez-vous, après tout la presse l’a déjà fait. Cet article c’est aussi et surtout l’occasion pour moi de parler races de chevaux en danger de disparition.


Avant de commencer réellement cet article je tiens à remercier les éleveurs qui ont répondu à mes questions et tout particulièrement Léandre Bouyer.


Léandre Bouyer pendant l'Equidés Cup


Déjà retour sur la première phrase pour apporter des explications « concours modèles et allures » désigne une compétition dans laquelle sont jugées la morphologie du cheval (c’est la partie modèle on s'en doute) et les différentes allures du cheval.


Celles-ci sont au nombre de trois :

  • les « allures naturelles » sont celles exécutées d'instinct : le pas, le trot, le galop et le reculer.

  • les « allures artificielles » sont celles acquises par le dressage.

  • les « allures défectueuses » elles, résultent d'une douleur ou d'une mauvaise utilisation du cheval et sont éliminatoires en compétition.


Pour le jugement de l'allure, le cheval a un parcours à suivre, ici la jument Iris.


Les épreuves de modèles sont encadrées par des critères de races et aussi par le registre généalogique, ou livre d'origine, on parle de stud-book pour les équidés.


Un animal inscrit sur ce registre possède son propre code d'identification à la race constituant la preuve de son appartenance à sa race, c'est ce que l’on appelle le pedigree. Les animaux sont enregistrés par leur éleveur quand ils sont encore jeunes.


Tous les chevaux participant à ses concours ont un pedigree souvent exceptionnel et les poulains ou pouliches nés de ces juments sont recherchés, ils ne finissent pas en boucherie, mais en animaux de concours, modèles ou attelage (on reviendra sur la partie attelage plus loin).


La parade des juments avec leur pouliche et poulain.


Les chevaux sont particulièrement brossés, peignés, tressés etc.


Reste évidemment un aspect subjectif, l’œil des juges, d’ailleurs pour ce concours la première jument et la dernière sont sœurs, c’est dire.


En haut, la jument première du concours et en bas sa sœur, dernière.


Notons que les médias, avec la Montagne et FR3, était présents sur l’évènement.

Béatrice Jacquelin (qui a remporté le 1er prix) interview non diffusée hélas.


La partie mesure morphologique du cheval est stressante pour l’animal, en effet il doit rester immobile le temps des différentes mesures.



De plus pour certains chevaux c’est la première fois qu’ils participent à un concours, ils sont dans un environnement différent de leur pré et ils sont entourés de chevaux inconnus, de gens inconnus, dont certains s’approchent vraiment près, d’ailleurs les éleveurs n’ont pas cessé de le répéter : il faut approcher un cheval toujours par l’avant, sinon c’est un risque d’accident.


De plus, Covid oblige, tout le monde porte un masque, le cheval ne reconnait plus les gens qui lui sont familiers, d’où une augmentation du stress, à tel point que certains éleveurs ôtent le masque au moment de la mesure pour calmer l’animal.


 

Vous avez pu noter que j’ai parlé de boucherie pour l’avenir des chevaux, c’est en effet un sort très commun à de nombreux chevaux de traits, la masse de viande est évidemment importante, ce qui fait qu’en France plus de 80% des chevaux de traits finissent en boucherie avant l’âge de 18 mois.


C’est un moyen pour les éleveurs de gagner leur vie, et aussi paradoxalement de sauver des races, en effet sans cet apport financier des ventes bouchères, les éleveurs n’auraient pas les moyens de conserver des races anciennes ou rustiques moins productrices de viandes, contrairement aux races spécialisées pour la boucherie, qui elles ne sont pas en voie de disparition. Cet état de fait ne concerne pas uniquement les chevaux.


En effet après la deuxième guerre, de nombreuses races d’animaux domestiques (vaches, moutons, chèvres, cochons, chevaux...) ont disparu. La faute à la sélection de races spécialisées pour « produire plus » qui ont absorbées des races plus rustiques ou anciennes.


La situation a été particulièrement dramatique pour les chevaux de traits, pas immédiatement après la guerre, car on avait besoin d’eux pour le travail (champs, mines etc.) mais plus au début des années 70 avec la mécanisation des moyens de productions agricoles, les fermetures de mines.


Les chevaux de traits se sont retrouvés cantonnés à un rôle plus folklorique lors de fêtes paysannes, hors pour ces fêtes pas besoin d’un nombre important, ni une diversité de race de chevaux, la fermeture d’élevage a entraîné une diminution des individus et des races présentes.


A tel point qu’en 2017 en France le cheval de trait boulonnais, pur sang des chevaux de trait, ne comptait plus que 422 juments et 68 étalons ! Le sauvetage de la race a pu être réalisé par un programme de conservation génétique.

C’est ce programme qui en évitant la consanguinité dans les élevages a permis de sauver différentes races de chevaux de traits, considérées comme des races locales menacées d’abandon.


Ces races sont au nombre de neuf :


  • Le percheron (originaire du Perche)

  • Le cob normand (Normandie)

  • L'ardennais (Ardennes)

  • l'auxois (Bourgogne)

  • Le boulonnais (Boulogne-sur-Mer)

  • Le breton (Bretagne)

  • Le comtois (Franche-Comté)

  • Le poitevin mulassier (Poitou)

  • Le trait du Nord (Nord-Pas-de-Calais)


Notons qu’un animal plus connu localement a bénéficié aussi d’un programme de sauvegarde : l’âne Bourbonnais (on en reparle en fin d'article).


 

Seulement pour éviter la consanguinité il faut que naissent poulains et pouliches par croisement entre différents élevages, d’où les concours qui permettent de sélectionner les pedigrees les meilleurs.


C’est pourquoi ces concours sont si importants, il ne s’agit pas uniquement de concours de beauté, mais aussi de sauver des races. Les vainqueurs auraient du se retrouver au challenge au Sommet de l'élevage de Cournon, mais celui-ci a été annulé pour cause de Covid.


Puisque me revoilà lancer sur le concours, passons à une autre partie de ce concours, plus spectaculaire, la traction et l’Equidés Cup.



Tous ces concours : allures, modèles, traction et équidés cup forment le Parcours d’Excellence du Jeune Equidé de Travail (PEJET) c’est l’outil pour le contrôle de performance des équidés de travail.


Il s’agit comme on l’a déjà vu de caractériser les animaux, d’évaluer leurs qualités innées, acquises ou potentielles, afin de les orienter, de les mettre en marché, de sélectionner les reproducteurs et de contribuer à la promotion des races françaises.


Ces tests sont répartis au cours des premières années de la vie du jeune équidé :

  • 1 an et 2 ans (niveau élémentaire)

  • 3 ans (niveau apprentissage)

  • 4 et 6 ans (niveau confirmé) qui constitue aussi la sortie du parcours.

L’épreuve de traction est facile à comprendre, il s’agit de charger de plus en plus une luge, par des poids ou des gens, que le cheval devra tracter sur un parcours. Mais attention ! Le cheval doit produire son effort uniquement au pas, ce qui permet de juger non seulement son effort mais aussi son dressage.



C'est un parcours vraiment fatiguant pour les chevaux, d'autant plus que contrairement à l'Equidés Cup l'équipement est imposé.



L'équipement en question.


Ce qui peut être une source de gêne pour le cheval si le matériel est mal adapté ou positionné donc une source de stress supplémentaire.


Et un cheval stressé c'est franchement difficile à bouger !


L’équidés Cup est une compétition dont le programme varie selon le terrain. Chaque éleveur vient avec sa propre voiture, dont les dimensions sont encadrées par un gabarit, les voitures sont conçues pour accueillir un pilote et un coéquipier.



A Avermes il s’agit d’un parcours chronométré de précision, les chevaux et l’attelage ne doivent pas faire tomber les boules jaunes sur les plots et bien sûr ils ont un temps imposé pour le parcours. Chaque plot renversé ou dépassement de temps amène des pénalités. Le coéquipier sert à la fois de poids et d’observateur de trajectoire.



L'Equidés Cup accueillait aussi deux attelages à deux chevaux, nécessitant une adaptation du parcours.



Un des attelages était composé de Cob normand (les chevaux à la robe plus sombre et à la crinière noire).


Il existe d’autre parcours, plus course de cross avec franchissement de rivière, sur un terrain plus accidenté, cette fois le coéquipier sert de contre poids et contre balance les trajectoires comme dans un side-car de course, c’est franchement plus sportif !


Les chevaux apprécient l’un ou l’autre de ces parcours selon leur tempérament.


Un dernier mot concernant Avermes, une calèche était présente pour des promenades, elle a eu un franc succès. 


 

L’âne Bourbonnais


Comme son nom l’indique l'âne bourbonnais est originaire du département de l'Allier. C'est un âne de petite taille qui présente une robe baie ou bai foncé avec une bande cruciale, dite croix de « Saint-André ».


Eponimm - DR


La présence d'ânes dans la région du Bourbonnais est avérée dès le XIIe siècle où une frise de l'église de Saint-Julien dans le village de Meillers montre un âne jouant de la harpe.


Mossot - DR


Cet âne, compagnon du métayer au XIXe siècle était utilisé pour le travail de la terre et pour les déplacements. Mais il servait aussi à bien d'autres professions qui l'utilisaient pour le transport des légumes, du charbon ou du lait.

Sa place dans le tourisme local était aussi très forte puisque, dès le début du XXe siècle, des carrioles promenaient les touristes et les curistes à Vichy. Il était également employé pour haler les péniches.


Pour sauvegarder cette race en voie de disparition, l'Association de l'âne bourbonnais a été créée le 27 février 1994.



Eponimm - DR


Le but de l’association a été de créer un stud-book d'après les documents répertoriés sur le sujet et surtout de faire officialiser la race auprès des Haras nationaux. Ce sera fait le 25 octobre 2002 par le ministère de l'Agriculture.

L'association a pour objectifs de promouvoir l'âne bourbonnais, assurer le suivi génétique, proposer appui et services aux éleveurs et leur proposer un programme d’élevage.


Vous trouverez toutes les informations sur l’âne Bourbonnais sur le site de l’association :


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