Cette visite date du 10 juin 2020, elle s'est faite juste à la réouverture des visites guidées, à l'époque c'était 9 personnes plus le guide (Nathalie de l'Office de Tourisme de Vichy en l’occurrence) depuis la barrière des 9 personnes a été levée, mais il est toujours recommandé de réserver et bien sûr même en extérieur le masque reste obligatoire.
Nathalie, la guide qui porte une visière, parce qu'il est vrai qu'avec un masque c'est plus compliqué pour se faire entendre.
Donc la visite commence par un rappel historique depuis septembre 1939 jusqu'au 22 juin 1940 et la signature de l’armistice à Rethondes.
Le Général Keitel tend au Général Huntziger l'armistice (Bundesarchiv)
Avant cette signature l’exil du gouvernement français le mène à Tours, en passant par Bordeaux. Il se dirige ensuite vers Clermont-Ferrand fin juin puis début de juillet 1940 à Vichy.
Sa capacité hôtelière et de la présence d’un standard téléphonique moderne, sa proximité avec Paris (5 heures de train) pousse le gouvernement à prendre Vichy comme lieu de résidence. Les hôtels et villas sont réquisitionnés et abritent jusqu’au mois d’août 1944 les ministères et fonctionnaires de l’État français, ainsi que diverses ambassades.
La visite commence tout naturellement par l'hôtel Majestic et du Parc. Lieu de résidence et de travail de Pétain et Laval et des grands ministères.
Il est intéressant de noter que le bureau de Pétain (au 3e étage) est toujours là et en l'état de 1944 (entretenu par une association : l'ADMP) il n'est pas visitable pour éviter que cela devienne un lieu de pèlerinage et aussi pour le préserver.
L'hôtel les Ambassadeurs a reçu le Corps Diplomatique et les "petites" ambassades, il n'est pas possible de rentrer aux Ambassadeurs, mais j'ai pu lors d'une visite "Simenon/Maigret à Vichy" y rentrer, ce sont ces photos que je partage.
L'installation du Gouvernement et des différents Corps Diplomatiques à Vichy était à l'origine provisoire, hors lorsqu'il est apparu que l'hiver se passerai à Vichy il y a eu soudain un grand problème.
Vichy possède bien de nombreux hôtels, mais ceux ci n'étaient occupés qu'à la belle saison par les nombreux curistes, hors en hiver les curistes sont rentrés chez eux.
De fait de nombreux hôtels n'ont pas de systèmes de chauffage ! Il a fallu improviser dans l'urgence le ravitaillement en charbon et en bois de chauffage ainsi qu'en différents poêles pour se chauffer.
Ces bricolages improvisés ont eu aussi des conséquences sur les pièces, puisqu'il a fallu casser des murs pour installer poêle et combustibles.
Ces dégâts n'ont d'ailleurs jamais été payé par l’État Français de Pétain, de même que la dernière année de loyer, celle de 1944, pour des raisons évidentes.
La visite se poursuit évidemment par le Grand Casino de Vichy, lieu du vote des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, seuls 80 courageux s'y sont opposés, et il fallait l'être le vote se déroulant à main levée, une plaque commémore ces 80 noms.
Une fois le Maréchal Pétain et son régime installé, il n'a pas fallu longtemps pour que les persécutions anti juive commencent, la première loi date d'octobre 1940. Le point culminant est la rafle du 26 août 1942, une plaque la commémore, elle est située en face de l'hôtel du Parc.
La visite se poursuit par les villas occupés par de plus grande ambassade : États-Unis, Allemagne, Argentine...
Il est d'ailleurs amusant de constater que l’ambassade d'Allemagne et d'Argentine sont situées quasi l'une en face de l'autre ! Elles étaient situées Rue de Russie (actuellement Boulevard de Russie) l’ambassade d'Allemagne dans les villas "Roubeau" et "les Arcades" et villa de "la Tourelle" pour l'ambassade d'Argentine, vous les trouverez au 29 et 18 de ce boulevard.
L'ambassade d'Allemagne à gauche et celle d'Argentine à droite.
L'avantage d'être peu nombreux est que cela a permis à la guide de développer sa visite et de prendre plus de temps que prévu, d'une heure et demie prévue nous sommes passés à deux heures quinze !
La visite se termine par "l'arrestation" du Maréchal Pétain par les Allemands, en fait une mise en scène, les soldats procédant à "l'arrestation" avait des armes chargées à blanc, le Maréchal Pétain ayant lui eu tout le temps d'écrire au petit matin une lettre d'adieu au peuple français.
La durée exceptionnelle de la visite a permis à la guide de nous parler plus longuement de Walter Stucki, l'Ambassadeur Suisse qui sauva deux fois la ville de Vichy de batailles urbaines en août 1944.
La première fois pour éviter des combats entre la Résistance, la Gestapo, la Milice et les SS, et le 26 il évita qu'une colonne allemande, en retraite après le débarquement allié en Provence, passe par Vichy pour se venger.
Une rue de Vichy porte son nom en son souvenir.
L'ambassadeur Walter Stucki à sa table de travail. (RDB)
Profitant de pouvoir parler plus que prévu, la guide nous a raconté la déchéance de la ville thermale dans les années 50 et début des années 60. Du fait de la Collaboration il était évidemment impensable pour les curistes et touristes Français et européens de revenir à Vichy pour une cure ou une visite, trop de souvenirs douloureux étaient encore présents.
Cette visite a été enrichissante à deux titres, d'abord parce qu'elle permet de voir des lieux chargés de mémoire, et deuxièmement du fait du nombre limitée de personnes de pouvoir poser plus de questions et à la guide d'aller plus loin dans ses explications.
Pendant le confinement Nathalie a travaillé sur la Résistance à Vichy, une visite que je me suis promis de faire.
Dates des prochaines visites
Du 10/08 au 30/09/2020 Ouverture le mercredi de 15h30 à 17h30. Du 17/10 au 01/11/2020 Ouverture le mercredi de 15h30 à 17h30.
Tarif : à partir de 7€50
Renseignements : 04 70 98 71 94
Nouveauté !
Si vous souhaitez faire une visite libre de Vichy 40/44, il existe maintenant une application développée avec l'aide de l'historienne Audrey Mallet.
Disponible sur le Google Playstore : Vichy 1939-1945
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