La visite a eu lieu samedi 8 août 2020, pour plus de clarté et pour pouvoir apporter plus de précisons je vais poster cette visite en deux parties.
J'ai effectué cette visite avec une autre ambassadrice de l'Allier : Cindy, n'hésitez pas à aller voir son blog "les yeux rêveurs du Bourbonnais"
La visite théâtralisée est un concept intéressant qui permet de réunir informations historiques et divertissement culturel, à chaque étape la guide (Constance) nous explique la partie historique et la troupe de comédiens, ici "la Parade - troupe itinérante masquée" assure la partie divertissement avec des extraits de pièces de théâtre.
Tout fonctionne parfaitement et on ne peut que regretter que deux dates seulement ont été programmées, dont une en plein après midi qui n'a pas du être une partie de plaisir vu la chaleur d'été.
La visite débute par le rappel de l’histoire de la fondation de Moulins, qui doit évidemment son nom aux nombreux moulins présents sur le site, dans lequel Constance la guide, nous parle de la légende entre la belle meunière et le Seigneur Archambault.
Cette légende nous conte comment Archambault, sire de Bourbon, a été à l’origine de la cité moulinoise. C’est lors d’une chasse à courre longue et fatigante qu’Archambault trouva refuge dans un moulin au bord de la rivière Allier. Là il rencontra une jeune et jolie meunière dont il tomba instantanément amoureux. Afin de lui rendre régulièrement visite il fit alors construire un pavillon de chasse à proximité du moulin. De ce pavillon naitra ensuite un château autour duquel la future ville se développa.
Le château des Ducs de Bourbon. Crédit : Bibliothèque municipale de Lyon
Plus prosaïquement, la ville fut fondée en 990, elle connaîtra un véritable essor à la tête du duché du Bourbonnais de 1327 à 1527. Les ducs de Bourbon s’y succèdent et apportent à la ville et à son duché toujours plus de richesses, de puissance et de nouvelles terres.
Mais c’est sous la direction du couple Pierre II de Bourbon et Anne de France, fille aînée du roi Louis XI, que Moulins rayonne et bénéficie d’un apport culturel et artistique de première importance dans de nombreux domaines.
Pour en savoir plus sur l'histoire des Ducs de Bourbon, je vous conseille la visite guidée de la Mal Coiffée, les guides sont excellents et répondent bien volontiers à toutes vos questions.
Renseignements et réservations auprès du Musée Anne de Beaujeu.
Le premier bâtiment de la visite est l’Hôtel Demoret, un édifice typiquement bourgeois des XIVe et XVe siècles, construit pour Jean Babute, maître d'hôtel du duc Louis II de Bourbon. Son toit est à la française, avec un décor trilobé. Dans la cours, nous pouvons voir une galerie en pan de bois qui servait de lieu de passage.
C’est la qu’interviendra pour la première fois la troupe La Parade Troupe Itinérante Masquée (TIM) avec les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, dont voici un très bref résumé du début de l’intrigue :
« Le jeune Cœlio rêve de conquérir Marianne, épouse du juge Claudio. N'osant l'aborder, il tente d'abord d'utiliser l'entremise de la vieille Ciuta, qui n'obtient rien de la jeune femme que l'affirmation de sa fidélité conjugale.
Cœlio se tourne vers un autre entremetteur, son ami Octave, bon-vivant et libertin et cousin de Claudio. Marianne reste indifférente à Cœlio, mais tombe amoureuse d'Octave. »
La scène jouée représente Octave et Marianne.
La visite se poursuit par la Mairie et le Jacquemart.
La Mairie construite sur le modèle d'une villa à l'italienne avec sa fontaine pour son atrium, représente bien la rigidité et la droiture de la Loi. On doit les plans à François Agnéty, dans un style néo-classique, avec deux corps de bâtiments symétriques, organisés autour d'une cour créant deux passages. L'un pour l'ouverture de l'hôtel de ville sur le centre historique, l'autre pour la bibliothèque donnant sur la rue Voltaire dans l'axe de la nouvelle place Marx Dormoy. La façade monumentale de l'Hôtel de Ville, s'ouvrait sur l'ancienne place du marché aux vaches.
C’est à ce moment qu’intervient pour la deuxième fois La Parade TIM et quoi de mieux pour représenter la rigidité et la droiture de la Loi et son respect absolu que Bérénice de Jean Racine ? Voici un très bref résumé du début de l’intrigue :
« Depuis la mort de Vespasien, père de Titus, tous s'attendent à une légitimation des amours qui lient celui-ci à Bérénice, reine de Palestine. Antiochus, roi de Commagène, ami proche de Titus, est secrètement amoureux de Bérénice depuis de longues années. De son côté, Titus ayant sondé les assemblées romaines qui s'opposent à ses noces décide de renoncer à prendre Bérénice pour femme. Il envoie Antiochus annoncer la nouvelle à la reine. »
Monologue de Bérenice
La visite se poursuit par l’incontournable Jacquemart, incontournable car bien il rythme la vie de Moulins et incontournable par son histoire mouvementé !
Construit en 1455, il avait la fonction d’annoncer les heures évidemment mais aussi de surveiller les incendies. En effet à cette époque avec ses constructions en bois, ses ruelles étroites et son urbanisme anarchique c’est la combinaison idéale pour favoriser la propagation des incendies.
Et pourtant en 1655, dans la nuit du 20 au 21 novembre, un incendie se déclare dans le voisinage de la Collégiale, pour se propager aller jusqu’à la tour. Il ne restait plus que sa couronne de pierre, la cloche de 1452 a fondue dans l’incendie.
Moulins rebâtie le Jacquemart, avec grande nouveauté une famille d’automates en bois et recouvert de plomb et de trois cloches. Nous avons Jacques, son épouse Jacquette, Jacqueline la fille, Jacquelin le fils. Les enfants sonnent les quarts d’heures, les parents les heures.
L’Histoire n’aime pas repasser les plats, mais pourtant dans la nuit du 12 au 13 mai 1946, pour fêter l’anniversaire de la capitulation allemande, des feux de Bengale sont tirés de la tour, mais depuis la plate-forme haute du campanile (en bois) et non sur l’étage inférieur (en pierre) grave erreur puisque cela déclenche un nouvel incendie.
Une souscription est lancée pour le reconstruire à l’identique, le Jacquemart ayant été classé au titre des Monuments historiques depuis 1929, la construction sera rendue difficile par l’après guerre, avec les difficultés d’approvisionnement en matériaux et le ravitaillement des ouvriers, les tickets de rationnement ayant encore cours. Au final la construction sera définitivement terminée en 1949.
Prochain billet avec la seconde partie : la Maison de Clèves, le Musée Anne de Beaujeu et la chapelle de l'Hôtel de Paris, avec au programme Don Juan de Molière, Hamlet de Shakespeare, Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostan et Ruy Blas de Victor Hugo.
Je parlerai aussi plus longuement de La Parade TIM.
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